S’il y a un fait particulier dans l’histoire de l’Angleterre, c’est bien celui-là. En effet, le roi Henry VIII a eu six femmes différentes au cours de sa vie. Et pas des maitresses, non, bien six épouses. Plusieurs d’entre elles ont connu un destin tragique et l’une d’elles est même la raison de la séparation de l’église anglaise avec le Vatican. Découvrez l’histoire hors du commun de ces six épouses d’Henry VIII.
Déjà, pour le contexte, Henry VIII est roi d’Angleterre et d’Irlande entre 1509 et 1547. C’est un roi de la dynastie des Tudor. Il est important dans l’histoire de l’Europe. En effet, c’est l’ennemi de François Ier et il s’allie souvent à Charles Quint contre le roi de France. C’est aussi un roi humaniste, pour qui le développement des arts est très important. C’est un roi de la Renaissance. Quant aux six femmes qui ont partagé sa vie, ce sont des personnages importants et tous très différents. Leur succession a été très rapide entre les années 1533 et 1547.
Catherine d’Aragon, la première épouse d’Henry VIII
Catherine d’Aragon est l’épouse choisie par les Tudor pour le futur roi. Elle est l’infante d’Espagne et cousine du roi Henri VII. Son ascendance renforce la légitimité des Tudor sur le trône d’Angleterre. Elle est donc choisie pour épouser Arthur, l’héritier du trône. Ils se marient, mais Arthur meurt de maladie en 1502. Le roi Henri VII décide alors qu’elle épousera son second fils, à présent héritier du trône. Cependant, le mariage n’a lieu qu’en 1509. En effet, Henry ayant cinq ans de moins qu’elle, on attend qu’il soit plus mature. Dans cette attente, Catherine est détenue tant que sa dot n’est pas payée. Elle devient ensuite ambassadrice d’Espagne en Angleterre.
Henry et Catherine se marient le 11 juin 1509 et leur couronnement a lieu de 24 juin de la même année. A 24 ans, Catherine d’Aragon devient donc reine consort d’Angleterre et épouse son second mari. Durant sa vie, la reine vit 7 grossesses difficiles, auxquelles un seul enfant survivra, Marie Tudor. Durant plusieurs années, Catherine occupe une place importante de la scène politique. Elle est instruite, cultivée et intelligente. Elle sait convaincre le roi de s’allier à son neveu Charles Quint plutôt qu’à François Ier.
Cependant, il existe une ombre au tableau de leur mariage. En effet, malgré ses 7 grossesses, aucun héritier masculin n’a survécu. Le roi songe alors à répudier son épouse. Un héritier masculin est plus important que tout pour lui. En effet, la position de sa maison est encore très précaire sur le trône. Cela empire lorsque sa maitresse accouche d’un fils en 1519. Puis, vers 1526, il rencontre Anne Boleyn.
Anne Boleyn, l’épouse au destin tragique
Dès 1527, le roi entame une procédure pour répudier sa première épouse après avoir rencontré Anne Boleyn. Cela dure de longues années. En effet, les autres pays européens, ainsi que l’Eglise, sont contre ce divorce. La reine est une infante d’Espagne et tante de Charles Quint, empereur très chrétien. Elle est elle-même d’une extrême piété.
Il est inimaginable qu’elle puisse être répudiée. De plus, elle a eu des enfants, même s’ils n’ont pas survécu. Malheureusement pour elle, Henri VIII décide de ne pas écouter l’Eglise et la répudie en 1532. Ce divorce, qui n’est pas au goût de tous, entraine directement le schisme d’Angleterre et la création de l’Eglise anglicane, dont le roi ou la reine d’Angleterre est depuis le chef spirituel à l’instar du Pape au Vatican.
En 1533, Anne Boleyn devient à son tour reine consort. A l’instar de Catherine d’Aragon, son destin n’est pas heureux. Anne nait en Angleterre et grandit entre les Pays-Bas et la France, où elle parfait son éducation. Elle évolue d’abord auprès de Marguerite d’Autriche, régente des Pays-Bas, puis de Claude de France, reine de France. A son retour en Angleterre, elle vit à la cour et est courtisée par le roi. Ils se marient en janvier 1533 et elle donne naissance à une petite fille en septembre de la même année, Elizabeth.
Anne est une femme vive et intelligente. Cela pose problème à Henry qui aurait souhaité une reine plus prompte au cérémoniel qu’à la politique. Leur couple ne reste pas heureux longtemps. Tout comme Catherine d’Aragon, elle n’a pas de fils. Henry voit cela comme une trahison. En 1536, Catherine d’Aragon décède et le couple royal est soupçonné d’empoisonnement. Aujourd’hui, on pense plutôt qu’elle est morte d’un cancer. Durant cette période, une nouvelle femme arrive sur le devant de la scène, c’est une ancienne dame d’honneur de la reine déchue ainsi que d’Anne Boleyn. C’est Jane Seymour.
Anne Boleyn n’étant pas très appréciée à la cour, certains cherchent à l’accuser de tous les maux. Thomas Cromwell fait arrêter des hommes de son entourage pour l’accuser d’adultère et d’inceste. Tous nient, sauf l’un deux. Elle est arrêtée et transférée à la Tour de Londres le 2 mai 1536. Dans les deux semaines qui suivent, les hommes sont tous jugés coupables et exécutés, dont son frère. Ensuite, elle est elle-même jugée et accusée d’adultère, d’inceste et de haute trahison. Elle meurt décapitée à la Tour de Londres le 19 mai 1536.
Jane Seymour, mère de l’héritier du trône
A peine l’exécution d’Anne Boleyn passée, le roi épouse Jane Seymour, son ancienne dame d’honneur. Moins instruite que les deux reines précédentes et aussi moins extravagante. La mode qu’Anne Boleyn avait importée de France est bannie, et tout est très codifié. Jane tombe enceinte en 1537 et donne naissance au futur Edward VI en octobre. Cependant, elle meurt des suites de son accouchement quelques jours plus tard.
Il semblerait que, malgré sa courte période de vie auprès du roi, elle fut son épouse favorite. En effet, lors de son décès en 1547, il se fait enterrer auprès d’elle. Après le décès de Jane, le roi ne se remarie pas avant trois ans !
Anne de Clèves, l’épouse répudiée
Quatrième épouse d’Henri VIII, Anne de Clèves est peut-être finalement l’une des plus chanceuses. Henry VIII décide de l’épouser, toujours dans sa quête d’héritier. Il voit un portrait d’elle réalisé par Hans Holbein le jeune et la trouve « à son goût ». Cependant, lors de la rencontre, il est déçu par son apparence mais l’épouse tout de même. Leur mariage est un échec et Anne de Clèves est répudiée quelques mois plus tard.
Cependant, elle ne s’en offusque pas et obtient le titre de « sœur aimée du roi » ainsi que des propriétés qui assurent son confort pécunier. Elle restera néanmoins une figure présente durant le règne d’Henry VIII, mais aussi appréciée par les filles de celui-ci, Mary et Elizabeth.
Catherine Howard, l’épouse accusée de trahison
Pour la cinquième épouse d’Henry VIII, le schéma est assez similaire à celui d’Anne Boleyn. Elle épouse le roi en 1540, mais des soupçons d’adultère sont presque immédiatement sur le devant de la scène. En effet, la nouvelle reine entretiendrait une relation avec un courtisan du roi, Henry Culpeper.
Cette relation a surement existé. En effet, Catherine a 30 ans de moins que son époux, qui est devenu un homme obèse et a un ulcère à la cuisse qui dégage une odeur nauséabonde. La jeune reine trouve donc son bonheur ailleurs. Elle ne tombe cependant pas enceinte. Le roi ne supportant pas cela, il ordonne une enquête et fait condamner les amants. Elle meurt décapitée le 13 février 1542.
Catherine Parr, la survivante d’Henry VIII
En 1543, Catherine Parr épouse Henry VIII, c’est la sixième et dernière épouse du roi. Pour elle, le roi est son troisième époux. Catherine Parr est décrite comme une femme intelligente et vive. Elle a une bonne connaissance des langues et de la culture de son temps.
Ayant évolué à la cour, la nouvelle reine a de bonnes relations avec les enfants du roi et elle permet la réconciliation avec ses filles Mary et Elizabeth. En effet, Henry VIII signe le Troisième acte de succession en 1543, qui redonne leur ordre de succession au trône à ses deux filles, toujours considérées illégitimes.
Catherine Parr est aussi très intéressée par la religion, ce qui faillit lui coûter son rang et sa vie. En effet, elle s’intéresse à la réforme protestante et certains la soupçonnent d’être convertie. Cependant, rien ne la compromet et elle se réconcilie avec le roi. Finalement, le roi meurt le 28 janvier 1547 et Catherine Parr lui survit. Elle se marie avec Thomas Seymour, frère de Jane, et meurt après la naissance de leur fille en 1548.
Même en épousant six femmes différentes, il n’a finalement pas pu assurer la postérité de la dynastie Tudor. En effet, après sa mort, ses trois enfants survivant lui ont succédé : Edward VI, Marie I et Elizabeth I. Mais aucun des trois n’aura de descendance. C’est avec Elizabeth que la maison Tudor termine son règne à l’aube du XVIIe siècle. C’est la maison Stuart qui succède ensuite aux Tudor sur le trône d’Angleterre.
L’histoire des épouses d’Henry VIII est une histoire réellement passionnante. Aujourd’hui, cette histoire célèbre a fait l’objet de nombreux films et séries sur le sujet. Il existe même une comédie musicale, Six, qui raconte de marnière modernisée la vie de ces six femmes. D’ailleurs, pour toujours plus d’humour anglais, vous pouvez même trouver des décorations de Noël à l’effigie d’Henry VIII et ses six épouses !
Sources :