La première épopée de science-fiction est réalisée en 1927 par Fritz Lang. Metropolis est un portrait dystopique de l’avenir et une œuvre expressionniste visionnaire du cinéma muet qui a ouvert la voie à d’autres artistes du septième art.
Aux origines de Metropolis, Fritz Lang
Le Français Georges Méliès est le premier réalisateur à s’emparer du genre de la science-fiction, mais c’est Fritz Lang qui nous offre une première représentation d’une ville future, sur fond de lutte des classes. Le film a été écrit par Thea von Harbou, l’épouse de Fritz Lang, et le tournage, qui fut l’une des productions les plus coûteuses de l’époque, prit environ 18 mois. L’œuvre de Lang est aussi empreinte du travail du directeur de la photographie Eugen Schüfftan qui eut recours à un jeu de miroirs semi-réfléchissants permettant de mélanger dans une même prise de vue des décors de taille réelle et des maquettes, créant ainsi des effets visuels convaincants.
C’est en visitant New York que l’idée de ce film émerge dans l’esprit du réalisateur allemand. Fritz Lang était un iconoclaste du cinéma allemand des années 1920 et a produit toute une série de films populaires avant de réaliser des projets plus ambitieux. Pour créer ce monde futuriste, Fritz Lang s’est inspiré de l’art déco et du style gothique, en y ajoutant ce métro aérien qui glisse entre les bâtiments gigantesques.
Malgré tout, le film fut un échec critique et public à sa sortie.
Des ouvriers travaillent dans les souterrains d’une fabuleuse métropole de l’an 2026. Ils assurent le bonheur des nantis qui vivent dans les jardins suspendus de la ville. Une histoire d’amour se noue entre le fils du maître de Metropolis et une jeune femme de la ville souterraine qui va remettre en cause l’organisation sociale de la cité. Un androïde mène les ouvriers vers la révolte.

Analyse de l’œuvre et thèmes sous-jacents
Metropolis est une œuvre expressionniste du cinéma allemand qui comporte certaines spécificités et demeure un objet cinématographique intéressant à étudier. Le film est muet et en noir et blanc. Il est issu du courant expressionniste qui se développa en Allemagne durant le début du XXe siècle. Cependant, contrairement à la plupart des films expressionnistes qui privilégient les lignes diagonales, celui-ci est tout en verticalité. Cette architecture vient opposer la condition des travailleurs, rejetés dans la ville basse, à celle des classes dirigeantes, logées dans le luxueux centre d’affaires situé au sommet. Ainsi, la mégalopole futuriste est organisée par un système de castes. Cette représentation architecturale souligne le premier thème évoqué dans Metropolis : la lutte des classes.
L’œuvre de Fritz Lang fait aussi appel à un imaginaire religieux. Dans la fumée de la ville basse, la machine se transforme en Moloch, comme l’antique dieu, et avale les enfants et les ouvriers. Metropolis, ville gangrénée par l’injustice et l’incompétence de ses élites dirigeantes, est assimilable à la Babel de l’Ancien Testament. La métaphore religieuse se poursuit avec, par exemple, Maria qui s’adresse aux ouvriers comme si elle prêchait la bonne parole.
Film engagé, complexe et visionnaire, Metropolis a réussi par ses thèmes et son imagerie à créer une grammaire du cinéma de science-fiction.

Metropolis, une influence qui traverse les époques
La portée de Metropolis, malgré son échec, a largement dépassé le cinéma expressionniste allemand et son influence a continué d’imprégner le cinéma contemporain.
Que ce soit par le langage cinématographique avec son esthétique visuelle monumentale reprise dans les œuvres cyberpunks, sa mise en scène des foules, son montage et son symbolisme visuel, ou encore par les thématiques science-fictionnelles de l’androïde, de la lutte des classes (Elysium, Dark City …) et de la peur du progrès et de la déshumanisation, le film a influencé toute une production ultérieure, dont les exemples les plus célèbres sont Blade Runner de Ridley Scott, Le cinquième élément de Luc Besson et Matrix des sœurs Wachowski.
En définitive, Metropolis n’est pas seulement une fresque expressionniste visionnaire sur l’industrialisation, c’est également une matrice visuelle de l’imaginaire moderne.
Sources :
- Metropolis – Allociné
- Metropolis 1927 – sallesobscuresassas
- Effet Schüfftan – Wikipédia
- Petite histoire du cinéma – Ian Haydn Smith
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