Jeanne Hachette est-elle réelle ? Telle est la question. Son existence ne cesse d’être remise en cause, de par le très peu de documents retrouvés à son sujet. Beaucoup trop de questions se posent et, pourtant, Cultea va vous faire découvrir sa légende à travers l’histoire.
Qui était Jeanne Hachette ?
Jeanne Hachette, de son vrai nom supposé Jeanne Laisné, serait née en novembre 1454. Elle aurait été la fille d’un bourgeois du nom de Matthieu Laisné. De nos jours, elle est considérée comme une héroïne. Son histoire a traversé les siècles. En effet, elle est connue pour avoir joué un rôle décisif dans l’assiègement de Beauvais par Charles le Téméraire, en 1472.
En effet, lors de l’assaut de Bresles, elle a entraîné les femmes de la ville avec elle. Ces dernières montèrent alors sur les remparts de la ville pour la protéger et empêcher les assaillants d’y pénétrer. Du haut de ses 18 ans, Jeanne se serait alors saisie d’une hachette, ou de ce qui y ressemblerait, pour affronter des Bourguignons escaladant les murs. Elle en aurait repoussé un premier, puis d’autres. Son geste en fit reculer plusieurs. Elle aurait alors inspiré les femmes de la ville, qui se mirent à leur tour à résister à l’envahisseur. De là, elles apportent un soutien crucial dans la bataille.
Malgré le peu d’informations sur elle, plusieurs témoignages sur le déroulement de la bataille vont dans ce sens. Malheureusement, il n’y a pas grand-chose de dit à propos de Jeanne Hachette. Néanmoins, la preuve qu’elle ait réellement existé se trouverait dans un acte rédigé par Louis XI lui-même, dans lequel on trouverait une mention de Jeanne Laisné. En effet, il l’aurait récompensée pour sa résistance face aux Bourguignons. Un acte dont il ne subsiste plus que la copie, car l’originale a disparu lors des bombardements en 1940. La lettre exemptait en effet de taille (un impôt) Jeanne Laisné et son compagnon Colin Pilon, à vie.
Aujourd’hui, à Beauvais, une statue est érigée en sa mémoire. Même si beaucoup restent encore sceptiques sur son existence, d’autres documents prouvent le contraire. En attendant, rappelons les événements de l’assiègement de Beauvais.
La résistance de Beauvais
Presque sans réfléchir, Charles le Téméraire se lance dans un désir de vengeance contre son cousin, Louis XI. Il ne cesse de comploter contre lui pour régner à sa place, mais échoue toujours. Du haut de ses 38 ans, il avait pour habitude de se faire conseiller par sa mère avisée et meilleure tacticienne, Isabelle de Portugal. Seulement, cette dernière est décédée l’année précédente, en 1471. Charles le Téméraire se retrouve seul, sans point de vue extérieur. Cette impulsivité et son irrépressible envie de faire la guerre l’emmèneront devant les portes de Beauvais, le 27 juin 1472. Pourtant, le duc de Bourgogne ne s’attendait certainement pas à la riposte des Beauvaisiens face à son armée.
Les premières offensives
L’armée de Charles le Téméraire commence par attaquer la porte du Limaçon, commandé par Jacque de Montmartin. Plus forts en nombre, l’assaut permet aux assaillants de pénétrer dans le fort Deloy, écrasant les défenseurs obligés de se replier dans la ville. Ce repli signe la victoire pour les Bourguignons, qui se réjouissent d’avoir pris le contrôle de la ville. Pourtant, lorsqu’ils se mettent à piller des maisons, les assaillants sont attaqués par surprise. Forcés de se replier à leur tour, les Beauvaisiens signent leur première victoire contre les Bourguignons.
Un deuxième assaut a lieu, à la porte de Bresles. Les assaillants dressent des échelles le long des murailles afin de les escalader. Malheureusement, c’est un second échec. Les conditions météorologiques – il pleuvait des projectiles meurtriers – et leurs échelles trop courtes ne jouent pas en faveur des Bourguignons. Ils ouvrent alors une brèche grâce à des canons et tentent de pénétrer dans la ville. Encore une fois, c’est un échec car ils sont repoussés.
L’entrée des femmes dans la bataille
Lors de l’assaut de la porte de Bresles, l’arrivée des femmes fut un événement crucial. En effet, Jeanne Laisné s’empare de l’étendard d’un Bourguignon qu’il s’apprêtait à planter. Du haut des remparts et à coups de hachettes, cette dernière le renversa dans les fossés. Selon la légende, elle se serait servie de cette hachette pour abattre d’autres ennemis. Sa détermination en fit reculer plusieurs, tandis qu’elle inspira les femmes de sa ville. Les femmes de Beauvais prirent alors part au combat, prêtant main forte aux hommes en leur apportant des projectiles à lancer sur les ennemis. Ainsi, il est possible que les Beauvaisiennes aient pris part à la bataille en combattant sur les remparts, comme Jeanne Hachette.
La fin du siège
L’aide du duc est demandée après plusieurs assauts échoués. A son arrivée, les Beauvaisiens avaient eu l’idée de jeter des fagots enflammés sur les assaillants, enflammant la porte et la herse de la ville. Pour Charles le Téméraire, il suffisait d’attendre que le feu s’éteigne pour forcer le passage et pénétrer dans la ville. Malheureusement pour lui, les Beauvaisiens, bien préparés, prirent soin que le feu ne s’éteigne jamais. Le siège s’éternise et il faudra attendre le 22 juillet pour que Charles le Téméraire batte en retraite. Beauvais a vaincu le duc de Bourgogne après des semaines d’assiègement.
Un exploit qui sera fêté en la présence du roi lui-même, qui fait le voyage jusqu’au village de résistants. Louis XI récompense la ville en offrant de nombreux privilèges à la ville, et particulièrement aux femmes. Un hommage royal aura lieu. Les femmes précèderont les hommes dans le cortège à l’occasion de cet hommage. Les femmes de Beauvais seront autorisées à porter des bijoux et ornements exclusivement réservés aux femmes nobles, lors de leurs mariages.
Ainsi, Beauvais organise une fête désormais tous les ans, le dernier week-end de juin, en l’honneur de Jeanne Hachette. Les fêtes Jeanne Hachette sont des défilés en costumes d’époque et contribuent à prolonger la mémoire de leur héroïne. Jeanne Hachette a contribué à incarner l’image de la femme guerrière au Moyen Âge, tout comme Jeanne d’Arc. Maintenant, reste à découvrir si la légende est bien réelle ou si elle a été embellie au fil des siècles.
Sources :
- Jeanne Hachette, la guerrière – Le Monde
- Un monument, une histoire : Jeanne Hachette, l’héroïne de Beauvais – France 3 Hauts-de-France
- Légende de Jeanne Hachette au siège de Beauvais par le Téméraire en 1472 – Persée
- L’histoire de France pour les Nuls, Jean-Joseph Julaud (page 219)
- Jeanne Hachette – Wikipédia
- Le siège de Beauvais – Wikipédia