« Spirale : L’Héritage de Saw » : le chapitre dont la saga avait besoin ? [Critique]

« Spirale : L'Héritage de Saw » : le chapitre dont la saga avait besoin ? [Critique]

Saw est devenu une tradition dans le cinéma horrifique. L’idée d’un énième épisode après son supposé Saw : Chapitre Final pouvait laisser craindre le pire, tant l’épisode précédent ne prenait aucun risque. Spirale se devait alors de redorer le blason d’une saga qui se perd. Heureusement, Chris Rock, originaire de ce projet, parvient à remettre la saga sur de nouveaux rails. On vous en dit plus ! 

Synopsis : Après la découverte d’un cadavre dans le métro, le lieutenant Zeke Banks (Chris Rock) et son partenaire William Schank mènent une enquête tordue. Le modus operandi rappelle celui de John Kramer, le tueur au Puzzle (Jigsaw). Pourtant, ce dernier est mort depuis plus d’une décennie. L’affaire prend très vite une tournure machiavélique et perverse. Zeke pourra-t-il compter sur son père (Samuel L Jackson), légende de la police, pour l’aider ? Qui oserait imiter le tueur légendaire ?

Faire table rase du passé !

La problématique de l’imitateur de Spirale semble étrangement faire penser au film précédent. Pourtant, il n’en sera absolument rien. Spirale réussit à surprendre, doté d’une ambiance poisseuse qui manquait cruellement aux derniers épisodes de la saga (Saw VI étant une exception). La saga qui s’était développée dans une ambiance crade entre Se7en et Cube s’était définitivement aseptisée pour ressembler à des téléfilms gratuitement gores pour Halloween. La faute à une mise en scène trop peu inspirée, malgré les scènes gores maîtrisées (sombrant toutefois dans le grotesque dans le septième volet). Ce n’est d’ailleurs pas anodin si le terme de « torture-porn » (Hostel) n’a commencé à s’attacher à la saga que depuis le deuxième volet.

Adieu les films exclusivement basés sur un terrifiant parcours du combattant. Saw, qui en avait fait sa recette depuis le troisième volet, devait absolument se rénover. Spirale possède alors son premier véritable atout ! Le scénario jouant constamment sur une enquête policière qui ne sert nullement de prétexte. Certes, c’est très prévisible par moment. Le film n’évite pas les facilités qui auraient pu le boucler en 20 minutes et surfe sur de (gros) clichés.

On nous présente ainsi chaque personnage et les problèmes qu’ils doivent surmonter, comme le personnage principal tenu par Chris Rock. Flic qui commet des erreurs, qui ne veut plus d’un système corrompu et qui est devenu presque misanthrope à cause d’un ancien partenaire. Si l’interprétation de l’humoriste américain peut aller dans le « surjeu », il parvient à nous identifier à lui. Samuel L Jackson, en revanche, fait le minimum dans certaines de ses séquences.

Egalement, l’ambiance poisseuse de cette affaire criminelle est l’inverse même de ses prédécesseurs, puisque la chaleur et les tons très orangés sont dominants. Bref, Darren Lynn Bousman (réalisateur de Saw II à Saw IV et du chouette Mother’s Day) change sa mise en scène épileptique et clippesque pour un rendu s’alliant plus avec la tension. Bien évidemment, la mise en scène n’est pas aussi ingénieuse et renversante que dans beaucoup d’autres thrillers, mais elle nous permet de rester au cœur du film.

Spirale - Cultea

Un nouveau jeu se prépare

Ce n’est plus une surprise pour personne. John Kramer est mort depuis Saw III (2006), pourtant, sa présence persistait. La saga n’arrivait pas à se passer du brillant psychopathe et avait constamment besoin de construire un puzzle autour de lui et de sa philosophie, quitte à devenir scénaristiquement compliquée et à risquer les incohérences.

C’était le véritable problème de Jigsaw (2017), qui n’arrivait pas à déconstruire son récit sans qu’on entende constamment parler de lui (les spectateurs l’ayant vu comprendront ce que l’on veut dire !). Cette fois, il n’en sera rien. Spirale réussit à se séparer de son « spectre » sans toutefois trahir le concept même de la saga. La philosophie immorale du tueur subsiste toujours, mais le film a le pouvoir de prendre un peu de sang neuf.

9 Dead, Waz, The Collector, Captivity, Escape Game. Toutes ces œuvres plus ou moins intéressantes ont repris l’identité de Saw : des pièges mortels et un twist renversant. On aurait pu croire que Spirale risquait de se retrouver parmi ces films. Il n’en sera rien. Il entre parfaitement dans la continuité de la saga, même si l’on aurait aimé un meilleur fil conducteur qui le relierait parfaitement aux autres épisodes de la série.

Plus intelligent qu’on ne le croit !

Spirale se propose même de critiquer un sujet, certes maintes fois vu au cinéma, mais toujours aussi choc : la corruption au sein de la police ! Jamais Saw n’avait critiqué le système américain, hormis celui des assurances santé dans Saw VI, mais de manière assez peu conventionnelle.

Ainsi, chaque piège s’associe à une forme de justice pour châtier ceux qui se croient au dessus des lois. Certes, ils sont toujours aussi macabres et gores, mais ils ont au moins le mérite d’être inventifs et réussis en général. L’un d’eux saura vous donner des sueurs froides. On aurait juste tellement aimé plus de surprises et de suspense, car c’est peut-être son véritable point faible. D’autant que le film joue à fond sur la carte de la série B. Le message autour de la corruption aurait donc pu être plus efficace.

Toutefois, le film reste concentré sur son objectif et évite toute mini-intrigue abandonnée en cours de route. Finis les pièges aux yeux du monde (Saw VII) alors que l’idée (pourtant géniale !) ne sert à rien. Finie la trouvaille des plans de Kramer sur le Dark Web (Jigsaw). Adieu toute piste sous-exploitée mais qui laisse espérer des suites aux potentiels infinis. Spirale ne déçoit pas et se focalise surtout sur son enquête et ses personnages, quitte à rajouter des scènes parfois inutiles aux dialogues mal écrits. Toutefois, si vous espériez que le film joue sur ces intrigues oubliées, tout ceci ne sera que source de déception !

Spirale - Cultea

Spirale : L’Héritage de Saw réussit à garder l’emprunte de la licence sans être vraiment révolutionnaire. En s’éloignant enfin de son passé, le film, bien qu’imparfait, s’émancipe vers un avenir plus prometteur. Cependant, Spirale n’est peut-être pas encore l’épisode qui rivalisera avec le premier film de James Wan. Toutefois, il offre les clés du piège dans lequel Saw s’était engouffré depuis son quatrième épisode. La spirale du changement est proche… Ce n’est pas encore ça, mais ça fait du bien !  

Spirale : L’Héritage de Saw – Bande-annonce

Photographe et réalisateur indépendant. Certains de ses films ont obtenus une soixantaine de sélections en Festival à travers le monde. Rédacteur chez Cultea, ses écrits sur le Traumatisme abordé dans le jeu vidéo sont publiés sur le site !

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