Charles Dickens : quand un code vieux de 160 ans fut enfin déchiffré

Alexandra Gueguiniat
Alexandra Gueguiniat
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Personnages emblématiques et intrigues saisissantes, Charles Dickens est l’un des romanciers les plus connus de son temps. Mais saviez-vous que certains de ses textes n’ont encore jamais été lus ? Pour protéger certains documents confidentiels, l’écrivain utilisait parfois son « écriture du diable ». Une sténographie étrange que vient de percer un jeune Américain, résolvant un mystère datant de plus de 160 ans.

Personne n’avait jusqu’alors réussi à déchiffrer cette fameuse lettre sténographiée écrite par Dickens en 1856. Conservé depuis plus d’un siècle par une bibliothèque new-yorkaise, le vieux morceau de papier a mis plus d’un chercheur à rude épreuve. Depuis plusieurs mois, un appel à l’aide a été lancé auprès d’internautes, dans le cadre du « Dickens Code ».

La complexité du code de Charles Dickens

Un système infernal, mis au point par lui-même, pour lui-même. C’est ce qu’à créé Charles Dickens pour crypter ses messages. Et pour ce faire, il s’inspire d’une vieille sténographie utilisée dans les années 1700, la brachygraphie. Ce procédé d’écriture consiste à former des signes abréviatifs et conventionnels, et sert à retranscrire la parole le plus rapidement possible. Le romancier la complexifie davantage en ajoutant de nouvelles règles et effectue régulièrement des modifications, rendant ces vestiges d’écriture difficilement déchiffrables…

Aujourd’hui, il n’existe plus que dix manuscrits écrits en « code Dickens ». Dix vestiges déroutants sur lesquels les universitaires s’arrachent encore les cheveux. Alors, pour mettre toutes les chances de leur côté, un appel aux internautes a été lancé fin 2021 sous forme de concours. Avec une modeste dotation de 300 livres sterling, le défi était lourd : déchiffrer les mystérieux écrits de l’écrivain. Une mission qui semble en bonne voie.

Une lettre sténographiée écrite par Charles Dickens en 1856 - Cultea

L’appel avait suscité l’intérêt de plus de 1 000 internautes, prêts à résoudre l’énigme de ces étranges écritures. Parmi tous les participants, 16 ont été capables de faire des propositions. Pour déchiffrer ces gribouillages d’encre bleue, les internautes s’appuient sur un carnet laissé par Charles Dickens. Il y explique certains de ses symboles. Par exemple, le romancier utilisait une arobase pour écrire « environ », ou encore une sorte de « t » anguleux pour dire « extraordinaire ».

Une découverte déconcertante 

C’est finalement un Américain, Shane Baggs, qui réussit à décoder 70% de la précieuse lettre du romancier. Spécialiste du support informatique en Californie, il n’avait pourtant jamais lu de romans de Charles Dickens. Après s’être penché pendant environ six mois sur le texte de l’auteur britannique, Shane Baggs a finalement percé, en partie, le mystère de ces étranges courbes, lignes et sinuosités.

Mais alors, quel secret cache cette sténographie depuis près de deux siècles ? En réalité, il s’agit simplement d’une lettre adressée à John Thadeus Delane, l’éditeur du quotidien britannique The Times. Écrite le 6 mai 1856, Charles Dickens y exprime son mécontentement après le retrait de sa publicité pour son nouvel hebdomadaire All the Year Round. Cette découverte devrait cependant aider les chercheurs à décrypter les derniers écrits de Charles Dickens.

« Je me sens obligé, bien que très réticent, de faire appel à vous en personne ___ une __ cette ______ publicité _______ ___ _______ . __ __ ______ ____ ____ _____ de la façon habituelle l’annonce pour 3 jours la semaine prochaine du contenu du numéro 3 de All The Round avec un particulier dans lequel ___ __ _____ ____ ___ __ __ __ __ __ ___ __ __ pour ___ ___ ___ annonçant qu’après le Jour de l’Ascension, les mots du ménage sera discontinué par moi et sa société de propriétaires dissous. L’annonce a été refusée et a été renvoyée avec un message indiquant que c’était faux et injuste. Quant à sa vérité, il est ____ impossible que quelque chose puisse être plus vrai parce que __ ___ ___ __ __ __ ___ un fait simple. Quant à son équité, il est signé par Romilly en audience publique et est tiré des notes de l’écrivain de courte main d’un jugement de son __. Je me sens convaincu qu’il ___ __ __ __ ___ ___ ___ __ __ ____ pour quelque motif que ce soit ___ _____ et je suis certain de pouvoir ___ _____ le faire restaurer. « 

Traduction parcellaire de la lettre écrite par Dickens en 1856.

Si les chercheurs et internautes ont fait un grand pas, la mission du « Dickens Code » n’est cependant pas terminée. À ce jour, encore 30% du contenu de la lettre écrite par le romancier en 1856 reste inconnu. Les bénévoles sont donc toujours les bienvenus afin de percer l’étrange mystère des écritures confidentielles de Charles Dickens. 

 

Sources :

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