Comment pourrait être personnifiée la ville de Naples des années 50 ? C’est la question que se pose Paolo Sorrentino, réalisateur ayant toujours possédé une relation particulière avec la ville du Soleil et avec laquelle il a fini par fonder un lien créatif. Avec Parthenope, il décide de mettre la ville au premier plan et de consolider son récit autour de son histoire avec à l’arrivée un résultat en demi-teinte.
Une photographie magnifique
Naples, dans les années 50. Maggie met au monde son deuxième enfant dans les eaux de Posillipo. Le nouveau-né sera nommé Parthenope, référence directe au nom antique de la ville de Naples. Paolo Sorrentino annonce ainsi dès les premières minutes de son œuvre cinématographique qu’il sublimera cette ville mythique de l’Italie. Tout est ensoleillé et le mélange de couleurs dorées et azurées est un plaisir pour la pupille.
Cet amoncellement d’images idylliques nous transporte et nous fait voyager dans une ville que l’on aimerait toucher du doigt, tant l’immersion est totale. On aimerait se plonger dans la mer jonchant la ville napolitaine ou marcher le long de ses ruelles éblouies par le Soleil matinal.
Parthenope, personnification de la beauté de la ville du Sud, nous envoûte par son corps divin arborant continuellement des habits épousant ses formes et nous faisant chavirer par sa beauté. On saluera le choix de l’interprète principale, Celeste Dalla Porta, qui coche toutes les cases de ce que Paolo Sorrentino attend de son interprétation. Quasiment inconnue avant son apparition dans ce long-métrage, elle devient en quelques secondes une candidate idéale pour devenir la nouvelle icône italienne dans le monde, à l’image d’une Monica Bellucci ou d’une Sophia Loren à leur époque respective.
L’actrice est à elle seule la raison principale du visionnage de ces 2h et a certainement dû envoûter un grand nombre de spectateurs durant la sortie de la bande-annonce, ce qui a grandement dû participer à l’envie de voir sa vie sur grand écran pour certains.
L’effet est encore plus saisissant quand on prête attention à la manière qu’a le réalisateur de filmer sa protagoniste principale à l’écran. On finit par avoir l’impression de voir deux personnes différentes lorsque l’on compare les images promotionnelles du film à celles de l’actrice dans les différents festivals.
Même si elle possède un charme indéniable en dehors des plateaux, le réalisateur arrive ici à exacerber sa beauté au travers de sa caméra. On sent tout l’amour que Paolo Sorrentino porte à la ville qui l’a vu naître par le biais des différents plans idéalisant Parthenope, qui finit par incarner l’allégorie de la sirène qui aurait amené la création de la péninsule en s’y échouant à la suite de sa rencontre avec Ulysse.
Un fond manquant de consistance
Avec une photographie léchée et un amour quasiment pictural pour la ville napolitaine, Paolo Sorrentino en oublie quelque peu le fond scénaristique de son œuvre artistique. On comprend néanmoins rapidement où le réalisateur/scénariste souhaite en venir avec sa nouvelle réalisation : montrer la virginité et l’innocence de son personnage principal face à un monde faisant face à de nombreux vices, doutes et inégalités.
On la voit ainsi déambuler les rues napolitaines et rencontrer des personnages représentant les entités importantes de la ville. Le problème qui en ressort principalement de cette proposition est son caractère patchwork. Il est difficile d’y voir un lien cohérent entre chaque rencontre et l’ensemble donne l’impression que le réalisateur avait différentes idées en tête mais n’a pas réussi à les réunir dans une toile consistante dont les fils sont liés intelligemment entre eux.
L’apparition furtive de Gary Oldman dans le rôle de l’écrivain John Cheever renforce cette impression. L’intention est là mais le résultat laisse à désirer et notre attention se détache peu à peu de l’œuvre projetée à l’écran malgré la beauté de l’image.
En dehors de la section tournant autour de ses études napolitaines, chaque rencontre se solde par sa disparition soudaine de l’intrigue sans de développement pouvant la rendre intéressante au fil des années qui composent la période à laquelle s’intéresse Paolo Sorrentino. On y rajoutera l’apparition de séquences déconcertantes et un tantinet abrupt qui finira par faire nous déconnecter du film. Notre attention, une fois passés les premiers visuels saisissants, diminuera au fur et à mesure pour laisser la place à un ennui poli.
Cette nouvelle proposition du réalisateur italien se termine par un constat amer. En soignant sa photographie et en transposant à merveille l’envoûtement que peut provoquer la vie napolitaine par le biais de son actrice Celeste Dalla Porta, nouvelle représentante de la beauté italienne, Paolo Sorrentino en oublie son scénario. Ce dernier finit par manquer de consistance pour tenir notre attention tout le long du long-métrage. La faute peut-être à une volonté trop grande du réalisateur italien de transposer à l’écran un passé napolitain fort de plus d’un millénaire.
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