Née en 1364 à Venise, Christine de Pizan est l’une des premières femmes de lettres reconnue alors qu’à son époque les femmes étaient rarement acceptées et souvent mal vues dans le domaine littéraire. Revenons sur son histoire et sur ses œuvres qui ont influencé son époque.
Christine de Pizan nait en Italie mais déménage en France quand son père, Tommaso da Pizzano, est nommé médecin et astrologue à la cour de Charles V. Cette position prestigieuse permet à Christine de bénéficier d’une éducation exceptionnelle pour une fille de son époque. Elle étudie alors la littérature, la philosophie, les sciences « dures » et les langues étrangères.
A l’âge de 15 ans, Christine de Pizan épouse Étienne du Castel, un notaire et secrétaire royal. Cependant, sa vie bascule lorsque son père meurt prématurément en 1387, son mari le suivra quelques années plus tard et mourra en 1390. A seulement 25 ans, elle se retrouve donc veuve et avec trois enfants à sa charge. Sans soutien financier, elle se voit dans l’obligation de supporter les besoins de sa famille seule. Pour ce faire, elle se tourne vers l’écriture.
La jeune femme commence donc l’écriture comme profession, faisant ainsi un choix audacieux puisqu’en effet, peu de femmes étaient lettrées à cette époque, et il y en avait encore moins qui étaient reconnues comme écrivaines professionnelles. Sa gamme d’écriture est très large, elle écrit aussi bien des poèmes que des traités politiques, ou encore des biographies.
Christine de Pizan une femme de lettres, mais aussi de politique
Bien que son premier travail soit en majorité des commandes qui lui ont été faites, la jeune femme se fait rapidement une réputation avec ses écrits érudits. Parmi ses œuvres les plus célèbres, on retrouve La cité des dames écrit en 1405. Dans ce livre, l’autrice réfute les stéréotypes misogynes sur la capacité intellectuelle et morale des femmes qui existaient à son époque. Et elle raconte, dans son histoire, l’utopie d’une société où les femmes sont respectées et valorisées. On retrouve dans cette oeuvre, comme dans beaucoup d’autres de ses écrits, son engagement pour les femmes et l’égalité des sexes.
Christine de Pizan ne fait pas qu’écrire, elle s’engage aussi dans les débats intellectuels de son époque. Elle est d’ailleurs connue pour sa participation à la querelle contre Le Roman de la Rose, une polémique littéraire autour du poème de Jean de Meun, qu’elle critique pour sa représentation dégradante des femmes. Elle défend aussi l’idée que la littérature doit s’inspirer des valeurs morales et éthiques et non continuer à véhiculer des stéréotypes.
Son intervention dans ce débat littéraire est d’ailleurs très importante, car c’est la première femme à publiquement critiquer les idées misogynes de la littérature médiévale.
Christine de Pizan s’engage aussi pour la paix et la justice sociale dans ses écrits politiques, notamment dans Le Livre de la paix qu’elle écrit en 1413. Elle fait aussi partie des personnalités qui appellent à la paix lors de la guerre civile en France.
Grâce à ses engagements politiques et à ses écrits, Christine de Pizan a ainsi permis aux femmes de lettres (écrivaines et intellectuelles) de se faire une place dans une société dominée par les hommes. Son travail, qui a bousculé les normes de son époque, a posé les fondations qui ont permis par la suite à d’autre femmes d’affirmer leur place et leur importance dans la culture et l’histoire.
Bien que l’écrivaine ait vécu à l’époque médiévale, son influence a traversé les époques, inspirant des générations de femmes à suivre leur voie et à imposer leurs capacités créatives et intellectuelles dans un monde dominé par le patriarcat.
Ses écrits, qui ont été reconnus à l’époque, sont aujourd’hui toujours étudiés. En 2011, ils sont entrés dans les programmes du bac et en 2017 dans ceux de l’agrégation. Leur valeur littéraire mais aussi leur engagement en faveur de l’égalité et la justice ont permis à l’écrivaine de laisser un héritage durable qui résonne jusqu’à notre époque.
Sources :
