Nellie Bly : première journaliste d’investigation des plus audacieuses

Nellie Bly : première journaliste d'investigation des plus audacieuses

Après Andrée Viollis, l’une des premières grands-reporters, chez Cultea nous vous proposons de découvrir Nellie Bly, la première femme journaliste d’investigation qui a inventé le journalisme d’immersion. 

Nellie Bly : Enfance, difficulté de travailler et révolte

Elizabeth Cochan est née le 5 mai 1864 en Pennsylvanie aux États-Unis. En grandissant, elle est surnommée « Pinky » car ses vêtements sont toujours roses. Son père meurt lorsqu’elle a six et pour que sa famille retrouve une situation stable, sa mère se remarie à un homme qui se révéla être un alcoolique. Elizabeth comprit donc bien vite la nécessité de travailler pour aider sa famille. Les perspectives d’avenir étant assez limitées pour les jeunes filles, elle intégra une école d’institutrices mais fut renvoyée après un semestre car elle ne pouvait plus la payer.

Nellie Bly

Elle aime déjà la littérature et l’écriture et est déjà l’auteure de poèmes et d’histoires. En 1885, elle tomba sur un article intitulé « Ce à quoi sont bonnes les jeunes filles » qui encourageait les femmes à rester au foyer. Révoltée, elle répondit au rédacteur en chef. Sa réponse était si bien écrite que ce dernier la publie et lui offrit un poste. C’est ainsi qu’elle devint journaliste au Pittsburg Dispatch. Craignant cependant pour sa famille, Elizabeth signa ses articles sous un pseudonyme trouvé dans une chanson, Nellie Bly.

Nellie Bly et le journalisme d’investigation

Nellie Bly devint la première journaliste d’investigation. À l’époque cette pratique était encore une nouveauté. Elle effectua ses premières enquêtes dans des usines en se faisant engager elle-même en tant qu’ouvrière. Son premier reportage sur les conditions de travail des ouvrières dans une fabrique de conserves plut beaucoup. Toutefois, les entreprises firent pression sur le journal et Nellie Bly fut cantonnée aux sujets comme l’art et le jardinage.

Sa mère et elle partirent alors six mois au Mexique où ses articles critiquant le gouvernement ne manquèrent pas de lui attirer des ennuis. Elle quitta le pays sous peine d’être arrêtée. Nellie Bly se rendit ensuite à New York pour trouver un journal qui lui laisserait traiter de sujets sociaux. Elle réussit à être reçue par Joseph Pulitzer du New York World qui lui promît un poste si elle arrivait à lui fournir un reportage sur un asile.

Nellie Bly
Nellie Bly infiltrée dans un hôpital psychiatrique

Aucun problème pour Nelly. Elle s’entraîna toute la nuit et réussit à se faire passer pour folle dès le lendemain matin en énonçant haut et fort que ses meilleurs amis étaient des troncs d’arbres. Les médecins la font interner et elle resta à l’hôpital dix jours. Les conditions de vie étaient désastreuses, les femmes étaient attachées comme des bêtes, elles avaient froid et se faisaient battre. Cette expérience lui permit d’écrire un article sur les conditions d’hygiène déplorables et les mauvais traitements au sein de l’asile. Son récit provoque un retentissement immense au sein de la société américaine.

Par la suite, Nellie Bly continua d’utiliser cette technique d’infiltration pour mener ses enquêtes relatives à la corruption en politique, ainsi qu’au sujet des conditions de vie des femmes et des ouvriers. Elle arriva notamment à s’infiltrer dans le cercle restreint d’un trafiquant de drogue, ce dernier fut arrêté après son reportage.

Première femme à faire le tour du monde seule

En 1888, Nellie Bly décida d’effectuer le même tour du monde que Phileas Fogg dans le roman de Jules Vernes, Tour du monde en 80 jours. Les membres de son journal ne la pensaient pas capable de réaliser ce projet :

« Mais vous n’y arriverez jamais. Vous êtes une femme, vous aurez besoin d’un protecteur et même si vous voyagez seule, il vous faudrait emporter tant de bagages que cela vous ralentirait. En plus, vous parlez uniquement l’anglais. Rien ne sert de débattre. Seul un homme peut relever ce défi. »

Tour du monde

Un an plus tard, les dirigeants du journal acceptèrent tout de même cette idée folle de la journaliste. Ainsi, elle quitta les États-Unis pour l’Angleterre,le 14 novembre 1889. Puis elle passa par la France, où elle rencontra Jules Vernes et poursuivit ensuite son voyage en train, bateau, et montgolfière. À chaque étape de son périple, elle envoyait ses récits au journal où ils firent sensation. Elle revint à son point de départ en 72 jours. Elle devint ainsi la première femme à réaliser un tour du monde sans être accompagnée d’un homme.

Une vocation : quitter le journalisme pour mieux y revenir

En 1895, Nellie Bly épousa un millionaire d’une quarantaine d’années son aîné. Elle s’éloigna alors peu à peu du journalisme et s’impliqua dans l’entreprise de son mari, une manufacture spécialisée dans la fabrique de bidons. Nelly reprit alors les rênes à la mort de son mari en 1904 et offrit de dignes conditions de travail à ses ouvriers, une révolution pour l’époque. Elle vendit l’usine en 1914.

Pendant la Première Guerre mondiale, Nellie Bly partit pour l’Europe. Elle devint la première correspondante de guerre des États-Unis pour le New York Evening Journal. Nelly s’installa au Royaume-Uni avant de se rendre sur le front russe. Elle y découvrit également le mouvement des suffragettes.

Après la fin de la guerre, elle retourna à New York où elle reprit son travail de journaliste, toujours pour les mêmes sujets. Elle se battît également pour le droit de vote des femmes, accordé en 1920 aux États-Unis. Elle mourut en 1922, après une vie remplie d’aventures et un dévouement sans faille dans la recherche et la retranscription de la vérité. À sa mort, la presse la décrivit comme « la meilleure journaliste d’Amérique » et on ne peut qu’être d’accord.

Finalement, Nellie Bly a su prouver qu’elle pouvait faire le même travail que les hommes et même mieux ! Elle a contribué à faire du journalisme d’investigation ce qu’il est aujourd’hui, preuve que le journalisme n’est pas l’apanage des hommes. Connaissez-vous Agnodice, une autre femme qui a fait un travail d’homme dans l’Antiquité ?

 

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