Qui était Maurice Genevoix, entré au Panthéon le 11 novembre dernier ?

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La semaine dernière, le 11 novembre 2020, Maurice Genevoix entrait au Panthéon, « au nom de ceux de 14 ». Mais qui était-il ? 

Un amoureux de la nature

Maurice Genevoix est né dans la Nièvre en 1890 et perd sa mère à l’âge de 12 ans. Il rentre ensuite à l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm en 1912, après un an de service militaire.

Maurice Genevoix développe une passion pour la pêche, qu’il pratique sur les bords de Loire. C’est en effet pour lui l’occasion de soigner ses blessures. Il y trouve la consolation à la mort de sa mère, ou encore, le moyen de se remettre de la violence de la guerre de 1914. Dans ses ouvrages, il témoigne d’un grand respect et d’une profonde affection pour la nature. C’est ainsi le sujet de 90 % de l’œuvre littéraire de Maurice Genevoix. Parmi ces œuvres, on peut penser à Rémi des Rauches, écrit en 1922. La citation suivante, issue de cet ouvrage, nous montre bien l’amour de la nature (et ici, plus particulièrement de la Loire) qui transparaît dans ses écrits :

« C’était la Loire, maîtresse de toutes les heures qui passent, miroirs des clairs de lune, et des nuits pleines d’étoiles, des brumes roses des matins d’avril, des nuages fins qui raient les couchants de septembre, des longues flèches ardées à travers les nuages d’été. »

La Loire, dans la Nièvre, paysage tant apprécié par Maurice Genevoix.

Un écologiste avant l’heure ?

On pourrait presque le qualifier d’écologiste avant l’heure, mais la relation à la nature qu’il développe est au-delà de l’écologie d’aujourd’hui. En effet, Maurice Genevoix place une certaine spiritualité dans la relation que l’homme doit développer avec la nature. Ces deux mondes n’ont rien de distinct, l’homme a besoin de la nature pour être pleinement lui-même et en ce sens, il doit la respecter. Maurice Genevoix se fait poète dans ses romans pour mettre en avant son amour de la nature. Par ailleurs, on peut citer son ouvrage autobiographique Au cadran de mon clocher, écrit en 1960, qui nous donne un aperçu de la France rurale d’avant la guerre. Il faut aussi noter son triptyque Bestiaire, à la fois dramatique et poétique, consacré à la beauté et à l’harmonie du monde animal.

Le romancier des Poilus

Maurice Genevoix est blessé en 1915 lors d’une opération militaire aux Eparges. Il est alors lieutenant d’infanterie et commande donc une compagnie. Ayant reçu deux balles dans le bras et une dans la poitrine, il est ramené en ambulance à cheval et témoigne auprès de France Inter :

« C’est un très dur voyage. À chaque chaos j’entendais autour de moi des cris. À un moment-même, un de ces cris avait retenti très proche et je me suis dit : « Quel est l’animal qui gueule comme ça ? » Et la seconde d’après je me suis dit, mais tiens… c’est moi. »

Réformé après sa guérison, il est, bien évidemment, profondément marqué par cette guerre. Et c’est dans la nature, sur laquelle il écrit si bien, qu’il trouve notamment une consolation.

Ses récits de guerre, écrits entre 1916 et 1923, ont été réunis dans un ouvrage emblématique de la Première Guerre mondiale : Ceux de 14. Dans ce dernier, Maurice Genevoix devient le porte-parole des Poilus. Il n’y a pas de volonté de décrire une quelconque stratégie militaire, juste le souhait de relater les faits et la vie de ces hommes qui se sont battus pour la France. L’expérience de la mort, vue et approchée de si près, est très présente dans les ouvrages de Genevoix. Il considère qu’elle fait de lui un autre homme. Dans son ouvrage Trente mille jours, il écrit ainsi à propos du regard d’un soldat agonisant, qui l’avertit du danger qui l’attend s’il continue à avancer :

« (…) Lorsque je murmurai, comme si j’eusse parlé à sa place : « … que je fasse attention moi ? Que je vais me faire tuer si j’avance ? », la lumière que je vis monter dans ce regard d’agonisant m’a fait mieux homme, et pour toujours. »

Maurice Genevoix, soldat de la guerre de 14 et porte-parole des Poilus.

Un auteur reconnu

La paix revenue, Maurice Genevoix se retire en Sologne où il se consacre à la littérature. C’est là-bas qu’il écrit une bonne partie de ses ouvrages. Raboliot, pour lequel il reçoit le prix Goncourt en 1925, témoigne de la reconnaissance de son talent d’auteur. En 1947, il entre à l’Académie française et y assume ensuite, de 1958 à 1973, la charge de secrétaire perpétuel. Cette fonction honorifique montre son implication au sein de la vie de l’institution… et la reconnaissance de cette dernière à son égard.

Il se dit inspiré par la littérature de Balzac ou par des ouvrages tels que Guerre et Paix.

« Je crois que les premiers modèles avec lesquels j’avais pu entrer en contact étaient tellement intimidants que je ne me serais jamais fait à l’idée, à la perspective que je pourrais un jour être moi-même un écrivain. Je situais cela tellement haut, tellement loin de moi. »

L’histoire nous montre qu’il a eu tort de se sous-estimer, son mérite étant reconnu aujourd’hui.

Emmanuel Macron a choisi de faire entrer Maurice Genevoix au Panthéon le 11 novembre dernier, en hommage à tous « ceux de 14 » dont il s’est fait le porte-parole. C’est l’occasion de voir en lui un auteur à (re)découvrir. Au-delà de la dimension historique importante et de l’éclairage qu’il apporte sur la Grande Guerre, ses ouvrages sur la nature, qui ont pu être éclipsés, sont d’une grande qualité.

 

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