« La réforme, oui, la chienlit, non ! » De Gaulle face à Mai 68

Romain Lesourd
Romain Lesourd
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Mai 68 : de graves tensions secouent la France. Les rues sont envahies par des manifestants. Qu’ils soient étudiants ou salariés, tous demandent de nombreux changements, du fait de la détérioration de la situation économique française. Le Président, Charles de Gaulle décide alors de répondre aux manifestants avec cette fameuse phrase : « La réforme, oui, La chienlit, non ! ».

« Chienlit » : un mot qui apparaît au XVe siècle

Assez rarement utilisé, le terme « chienlit » reste toutefois un mot assez fort, surtout lorsqu’il sort de la bouche du Président de la République. « Chienlit » est en réalité une agrégation de trois mots : « chie » ; « en » et « lit ». Disposés les uns à côté des autres, ces mots permettent l’apparition du terme en question.

Ce mot serait apparu au cours du XVe siècle, sous la plume de Rabelais, dans son roman Gargantua (1534). Le mot, à l’origine, permettait de désigner un personnage typique du Carnaval de Paris. Habillé d’une chemise de nuit, de la moutarde se trouvait sur son postérieur, donnant alors l’impression que ce dernier avait fait ses commissions lorsqu’il dormait, au sein de son lit. Ce personnage est donc l’origine de l’union des termes « chie »-« en »-« lit ».

Plus tard, le terme deviendra le substantif féminin que l’on connaît aujourd’hui. « Chienlit » est employé pour qualifier le désordre, l’agitation ainsi que la pagaille.

L’agacement de Charles De Gaulle face à la situation

Personne ne pouvait prévoir les événements de 1968. Même De Gaulle ne les a pas vus arriver. Pris d’agacement et d’incompréhension, il aurait lâché cette fameuse phrase lors d’une réunion de crise avec d’autres ministres, lors du 18 ou 19 mai 1968. Une vidéo issue d’un journal télévisé de l’époque, présente Georges Pompidou, Premier ministre, reprenant la fameuse phrase prononcée par Charles de Gaulle.

De Gaulle ne croyait pas en ces manifestations étudiantes. Selon lui, il ne s’agissait que d’étudiants qui refusaient de passer les examens. Mais il comprend vite que c’était l’autorité de l’État qui était remis en cause. Son autorité ainsi que sa responsabilité quant aux inégalités qui frappaient le pays. De Gaulle ne savait pas comment réagir. Il fallait notamment choisir entre le dialogue ou la répression.

En effet, le Président de la République n’arrivait pas à comprendre pourquoi de tels événements avaient lieu dans la capitale. Pour rappel, l’agitation étudiante s’était étendue de Nanterre à la Sorbonne. Pour contrer cette vague d’agitation, les forces de l’ordre avaient été mobilisées, sous l’ordre de De Gaulle lui-même. Des barricades et des violences entre les étudiants et les policiers sont alors apparues.

De plus, avec les propos que le Président de la République avait tenus, rapporté par son Premier ministre Georges Pompidou, les manifestants se sont trouvés indignés. A tel point que, la fameuse phrase a été reprise, mais dans le sens contraire. Des affiches ont commencé à paraître, désignant Charles de Gaulle comme la réelle « chienlit ».

Source : Histoire par l’image

Les manifestants, qui soutenaient l’antigaullisme présentaient alors ces affiches durant leurs manifestations.

Ce terme, popularisé par Charles de Gaulle, a été repris par Nicolas Sarkozy avec cette fameuse phrase « C’est la chienlit, c’est le délitement de l’État ». Désormais, lorsque vous souhaiterez exprimer votre agacement quant à un désordre, vous penserez au général de Gaulle.

Sources :

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