La pratique du duel sous l’Ancien Régime

Romain Lesourd
Romain Lesourd
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Nous avons tous déjà vu un duel au moins une fois, que ce soit dans des spectacles ou dans des films. À l’épée ou à l’arme à feu, il s’agit toujours de moments impressionnants. Mais pourquoi deux concurrents se livraient-ils à des duels ? Dans quel but ? Existait-il plusieurs catégories ? On vous emmène aujourd’hui dans la période de l’Ancien Régime pour vous faire découvrir cette pratique. 

Petit récapitulatif de la pratique du duel

Les duels ont toujours existé dans la plupart des sociétés. Ces derniers apparaissent au cours de l’Antiquité et opposaient deux féroces combattants. Plus le temps passa, plus ladite pratique devient un moyen de se défendre, mais aussi de régler ses propres différents. Arrivèrent alors ce qu’on appelle les duels judiciaires, rendant la pratique plus officielle que jamais.

Ces derniers permettaient à deux opposants de s’affronter, parfois jusqu’à ce que mort s’en suive, selon la gravité de l’affaire. Ils se déroulaient tous devant le roi. Selon la lex Burgundionum, arrivée en 501, les duels devaient désormais être réglementés. On y définit les armes, la position des adversaires et les limites du terrain. On pratiqua ainsi le duel judiciaire durant des siècles… Ce qui commença à être un problème !

En effet, vint un moment où le nombre de duels était trop important. Chacun souhaitait régler ses comptes par un duel judiciaire. Le roi Louis XIII décida donc d’abolir définitivement cette pratique en France. Les comptes se régleront désormais et uniquement devant la justice et non plus dans le sang.

« Vous m’avez offensé, je vous provoque en duel ! »

Bien que le duel judiciaire ait disparu, un autre type d’affrontement vint toutefois le remplacer aux alentours du XVIe siècle. Cette fois-ci, il s’agit du duel qui permet à deux opposants de se battre pour préserver leur honneur. Ainsi apparait le duel du point d’honneur.

La pratique de ce duel permet de mettre en avant la valeur et le courage des combattants. Car en réalité, il arrivait que l’honneur ne fût qu’un prétexte usé pour pouvoir se battre. Certains souhaitaient juste manier l’épée par plaisir, ou bien pour s’affirmer comme excellent en matière d’attaque et de défense. Toutefois, ceux qui combattaient pour leur honneur souhaitaient défendre leur honneur personnel ou familial.

Le duel permettait aussi de mettre en place une culture. Celle de l’aristocratie égalitaire. Les duels se déroulaient la plupart du temps hors des murs de la ville et au cours de la nuit. Les armes utilisées sont principalement les dagues ou les épées. Quant aux règles de la confrontation, ces dernières étaient soit écrites, soit verbales.

Des pratiques différentes selon les pays

Cette méthode d’affrontement se pratique majoritairement dans trois pays du continent européen : l’Italie, la France et l’Espagne. Si ces trois pays pratiquent ce qu’on appelle le duel du point d’honneur, les modalités et les techniques de combat n’étaient guère les mêmes.

  • En Italie, les deux combattants ne cherchaient qu’une seule chose : achever leur adversaire. Le duelliste va alors chercher donc à porter le coup fatal à son opposant. On parle alors d’une estocade.
  • En Espagne, l’affrontement était assez particulier. Ce dernier se basait sur des figures géométriques. Le but cherché dans un duel espagnol n’est pas de mettre en avant son savoir-faire à l’épée, mais de montrer son endurance. De plus, si les Italiens ou Français cherchaient à porter des coups avec le bout de la lame, les Espagnols portaient des coups avec le tranchant de cette dernière.
  • En France, la distance entre les deux duellistes n’était pas le maître-mot, au contraire. Les deux opposants vont chercher à se rapprocher au maximum. Chacun d’entre eux veut s’approcher le plus de l’autre, pour lui porter le plus de coups possibles. Le duel à la française était donc plus primitif que celui que l’on pratiquait en Espagne.

Le déclin du duel au temps de Louis XIV

Bien que la pratique du duel plaise fortement à l’aristocratie, cette dernière est rapidement attaquée par l’Église. Ainsi, dès le milieu du XVII ème siècle, l’Église condamne le duel comme une pratique diabolique. Elle en interdit la pratique et interdit les enterrements des duellistes dans un lieu sacré. À la fin du XVI siècle, le roi décide également de lutter contre le duel. Il met alors en place des édits et fait des déclarations.

Le duel est rapidement catégorisé comme un crime extraordinaire. Il est considéré alors comme un crime de lèse-majesté. Cependant, il faut apporter une nuance. Bien que contre la pratique du duel, le roi comprenait cette culture de l’honneur aristocratique que le duel met en avant. Alors lorsque des duellistes sont arrêtés par les autorités, ces derniers sont vite libérés, notamment grâce aux lettres de grâce. Ils pouvaient toutefois être emprisonnés pendant quelques années.

Au fil du temps, on perçut de plus en plus le duel comme une pratique contraire à l’idéal de l’honnête homme. Ce dernier se veut être contre la violence, il se comporte comme un véritable gentilhomme.

Le duel à l’épée finit par définitivement disparaître. Sa pratique se cantonne uniquement au sein des casernes des armées. On conclut alors que l’idéal de l’honnête homme l’a emporté sur la violence des affrontements. Toutefois, quelques cas subsistèrent jusqu’à « récemment », puisque deux députés n’ont pas hésité à croiser le fer pour régler un différend… 

 

Sources :

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