« Big Eyes » de Tim Burton : Découvrez la véritable histoire de Margaret Keane

"Big Eyes" de Burton : Découvrez la véritable histoire de Margaret Keane

Lors de sa sortie en 2015, le film Big Eyes de Tim Burton n’avait pas tellement fait parler de lui… En effet, il s’avérait très éloigné des codes habituels du réalisateur. Ici, le producteur s’était attaqué à la vie d’une femme peintre méconnue. Cette femme, c’est Margaret Keane. Nous allons vous parler de son histoire ici. 

La supercherie des Big Eyes

Si l’histoire de Margaret Keane est si particulière c’est parce que ses peintures n’ont pas toujours été vendues sous son nom.

En effet, c’est son mari Walter Keane qui s’était approprié ses œuvres. Lui était aussi peintre. Cependant, ses œuvres n’avaient pas de succès. Il sent que celles de son épouse pourraient se vendre mieux. Il décide alors de les mettre en vente à San Francisco dans le courant des années 1950. C’est un succès et il clame en être l’auteur. Lorsque Margaret s’en rend compte, il lui affirme qu’elles ne se vendent uniquement car peintes par un homme. 

Il tente aussi de copier les œuvres de sa femme. Cependant, il n’y arrive pas. Il tombe dans un cercle infernal et force même Margaret à produire plus, en l’enfermant dans son atelier durant des heures. En 1965, elle décide de divorcer. Ce n’est qu’en 1970 qu’elle révèle être l’auteure de ces peintures.

Plus tard Walter Keane affirme qu’elle ment. Elle l’attaque alors en diffamation. Il s’ensuivit un procès. Elle le remporte en 1986, après avoir réalisé une toile en moins d’une heure alors que Walter prétexte une blessure à l’épaule pour ne pas peindre.

Margaret et Walter posent avec une sélection de peintures en 1965. Photographie : Bill Ray/The LIFE Picture Collection/Gett
Margaret et Walter posent avec une sélection de peintures en 1965. Photographie : Bill Ray/The LIFE Picture Collection/Gett

Le style de Margaret Keane

Les peintures de Margaret Keane ont tout de suite connu un franc succès auprès du public. Cependant, les critiques d’arts étaient moins enthousiastes. Ils trouvaient ses œuvres kitsch. Certainement en raison de la grande misogynie encore présente dans ce milieu, mais aussi de son style très particulier.

Son style a été influencé par Modigliani, Picasso, Klimt ou encore Van Gogh. Cependant, son art n’en reste pas moins d’un figuratif presque naïf. En effet, elle peint des femmes et des enfants avec de très grands yeux. C’est d’ailleurs pour ces grands yeux (big eyes en anglais) qu’elle est connue. Elle dira qu’elle a toujours été inspirée par les yeux.

« Children do have big eyes. When I’m doing a portrait, the eyes are the most expressive part of the face. And they just got bigger and bigger and bigger »

« Les enfants ont de grands yeux. Lorsque je peins un portrait, les yeux sont la partie la plus expressive du visage. Puis ils deviennent de plus en plus gros. »

 

Margaret Keane, SF Chronicle, 24 décembre 2014.

Margaret Keane big eyes

Big Eyes par Tim Burton : une reconnaissance de Margaret Keane 

Finalement, grâce à son biopic, Tim Burton a mis en lumière une affaire récente mais peu connue. Le film semble très bien respecter l’histoire de Margaret Keane. En effet, l’artiste fait même une apparition au début du film. Elle a d’ailleurs donné son accord à l’équipe de scénaristes Scott Alexander et Larry Karaszewski pour l’écriture du film. Alors qu’elle avait déjà décliné de nombreuses propositions.

C’est l’actrice Amy Adams qui incarne Margaret Keane dans le film de Tim Burton. Ce film n’a pas eu le succès escompté au cinéma. Il a même récolté le plus mauvais score au box-office du réalisateur après Ed Wood.

big Eyes
Margaret Keane et Amy Adams sur le tournage de Big Eyes.

Cependant, il n’en reste pas moins intéressant. En effet, il permet de montrer la manière dont sont invisibilisées les femmes dans l’histoire de l’art. Malheureusement, Margaret Keane n’a pas été la première femme artiste à être exploitée par son époux.

On rencontre des histoires similaires tout au long de l’histoire de l’art. Si ce n’est pas par leur mari, elles ont été exploitées par leurs pères, leurs frères ou encore leurs maîtres d’atelier. L’exemple le plus connu étant Artemisia Gentileschi. Sans compter toutes celles qui sont et resteront inconnues car appartenant à des siècles trop lointains ou mal documentés.

Finalement, même si ce n’est pas le meilleur film de Tim Burton, Big Eyes reste un film intéressant. Il permet de découvrir une femme peintre méconnue et sa vie qui a été digne d’un roman. 

Big Eyes – Bande Annonce Officielle VF – Tim Burton (2015)

Sources : 

Guide conférencière diplômée, spécialisée en Histoire de l'art et passionnée de voyages. Ma passion pour l'écriture ma guidée jusqu'à Cultea !

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