Aux premiers instants du changement d’heure

Aux premiers instants du changement d'heure

Toujours prêts à changer l’heure de votre réveil ? Vous êtes plutôt du style à ne pas vous en rendre compte car votre téléphone fait le changement automatiquement ? La seule chose que vous vous dites, c’est « Super, on dort une heure de plus cette nuit ! », ou l’inverse en été ? Revenons sur l’histoire du changement d’heure dans cet article.

Benjamin Franklin à l’aiguillage

C’est dans une société principalement agricole que Benjamin Franklin lance en 1784 l’idée de réveiller unanimement tous les Français. À l’époque, l’heure varie entre l’Est et l’Ouest de 50 minutes. La population se cale sur l’heure du Soleil, sa hauteur dans le ciel. En effet, majoritairement agricole, le peuple a besoin de s’adapter à l’ensoleillement pour obtenir les meilleures récoltes.

Première page de la lettre de Benjamin Franklin au Journal de Paris en 1784 - Cultea

L’idée satirique de Benjamin Franklin est donc sans résultat, car elle ne répond pas aux besoins des Français. Il faut dire aussi que son texte rempli d’humour n’est pas forcément pris au sérieux. Il propose, pour mettre en place ce changement d’heure, de réveiller les foules en sonnant les cloches des églises, en tirant des coups de canon, en rationnant les bougies, en instaurant un couvre-feu… Des idées plus folles les unes que les autres en somme, qu’il évoque dans le quotidien français Le journal de Paris.

Ce n’est qu’un siècle plus tard que l’idée est prise au sérieux. Avec l’augmentation des transports ferroviaires, il devient nécessaire d’imposer un horaire commun sur tout le territoire, afin de gérer les flux, les heures de départ et d’arrivée des locomotives. Sans oublier l’arrivée du télégraphe électrique presque simultanément. L’heure de Paris devient ainsi l’heure nationale. Et plusieurs pays font de même en fonction de leur longitude par rapport à leur méridien de référence.

L’histoire de l’application du changement d’heure

S’il y a une heure de référence, elle ne prend pas en compte les mouvances du lever du soleil en fonction des saisons. L’Allemagne instaure le véritable premier changement d’heure le 30 avril 1916, suivie par le Royaume-Uni le 21 mai 1916. C’est André Honnorat qui, la même année, fera la proposition de cette mesure à la Chambre des députés en France. Le Parlement, malgré diverses menaces à l’encontre de l’instigateur de cette loi, l’adopte le 19 mars 1917, par 291 voix contre 177. L’objectif ? Rationner les énergies pour soutenir l’effort de guerre en profitant au maximum de l’ensoleillement du Soleil. Deux ans après, les Etats-Unis adoptent eux aussi le changement d’heure, pour l’abandonner à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

La seconde instauration du dispositif date de 1975, appliqué entre mars et septembre 1976 pour pallier le choc pétrolier de 1973. Encore une fois, l’objectif est celui de rationner l’énergie. Cette mesure devait être, à l’origine, provisoire, mais la politique énergétique de Valéry Giscard d’Estaing va être maintenue. Officiellement donc, les dates des premiers changements sont le 28 mars 1976 pour le passage à l’heure d’été et le 26 septembre 1976 pour le premier passage à l’heure d’hiver.

Une heure en plus, une heure en moins : un débat toujours actuel

Depuis 1996, le changement d’heure s’effectue le dernier dimanche d’octobre pour le passage à l’heure d’hiver, et le dernier dimanche de mars pour le passage à l’heure d’été. Il y a un décalage entre cet horaire et l’heure solaire en France de plus ou moins une heure en hiver et deux heures en été. Le changement d’heure effectué au printemps a été introduit dans l’ensemble de l’Union Européenne en 1980. L’harmonisation s’est quant à elle effectuée en 1998 par la directive 2000/84/CE du Parlement européen et du Conseil du 19 janvier 2001.

L’heure légale est le Temps universel coordonné de l’Observatoire de Paris, auquel on ajoute une heure ou deux. L’Observatoire de Paris est en charge de réaliser et de diffuser le temps légal français. Celui-ci est effectué par des horloges atomiques du laboratoire national de métrologie LNE-SYRTE à l’Observatoire de Paris. Ce temps de référence avait une exactitude de 0 000 000 001 seconde en 2016. Pour plus d’exactitude, une seconde est définie depuis 1967 comme « la durée de 9 192 631 770 périodes de la radiation correspondant à la transition entre les deux niveaux hyperfins de l’état fondamental de l’atome de césium 133 ».

Malgré ces applications, le système reste débattu, et minoritaire, imposé par seulement 70 pays dans le monde. Plusieurs personnes critiquent son application. Il ne permettrait pas d’économiser autant d’énergie que cela. Il serait à l’origine d’une fatigue importante, et par conséquent d’accidents de la route. Ou encore, il aurait un effet néfaste sur les rythmes biologiques. Alors qu’elle était ministre de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer, Ségolène Royal promettait d’analyser les impacts du changement d’heure, sans avancée à ce jour. L’Union européenne souhaite quant à elle mettre fin au système de changement d’heure. Mais le dossier, retardé par la crise du COVID-19, ne pourra être étudié qu’entre 2022 et 2023.

Prêts à caler vos montres à l’échelle nationale ? Si vous souhaitez d’autres anecdotes historiques sur des faits quotidiens sur lesquels on ne s’interroge même plus, n’hésitez pas à vous informer sur les origines du doigt d’honneur !

 

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