Le sac de Rome

Damien Dos Santos
Damien Dos Santos
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L’esprit de Charles Quint, empereur du Saint-Empire était à la fête fin mai 1527. Son premier fils et héritier, le futur Philippe II d’Espagne, venait de naître. Des nouvelles d’Italie arrivèrent alors… plus précisément de Rome. Après en avoir pris connaissance, il met fin à la fête et se réfugie dans la prière pour expier le sac de Rome qu’il n’a jamais désiré.  

Les guerres d’Italie

François Ier, suite à sa défaite à Pavie en 1525, est contraint de signer le traité de Madrid, avec pour clause la cession de la Bourgogne et l’abandon des prétentions en Italie. Mais, refusant d’honorer sa promesse, François Ier s’allie au pape Clément VII, au roi d’Angleterre Henry VIII, aux duchés de Milan et Florence. Ils forment ainsi la Ligue de Cognac en mai 1526, contre la puissance combinée des Habsbourg et des Aviz.

Charles Quint - Cultea
Charles Quint

Pour ramener le saint-père dans son camp, l’empereur peut compter sur l’alliance du cardinal Pompeo Colonna. Celui-ci rassemble ses troupes et arrive devant Rome le 20 septembre.
Assiégé au sein de sa propre ville, Clément VII est contraint de signer une trêve. Cependant, dès que Colonna quitte Rome pour Naples, Clément VII rompt le traité signé avec Charles Quint. Dans un même temps, il appelle la France à son secours.

Le sac de Rome

Faisant face à des problèmes financiers et à une menace de révolte de la part de ses soldats et mercenaires, Charles de Bourbon, ancien connétable de France, se dirige vers Rome le 20 avril 1527. Il profite de la faible défense de la ville de Rome pour l’attaquer, sans en faire le siège, le 6 mai 1527.

Sac de Rome - CulteaIl dispose de 20 000 troupes hispano-impériales et de 12 à 15 000 lansquenets allemands, dont le commandant vient de tomber malade et doit être rapatrié dans le Saint-Empire. Cependant, les mercenaires lansquenets obéissent uniquement à leur chef ou à celui qui verse les paies. En face, seuls 5 000 hommes défendent la ville, mais ils sont dotés de plusieurs canons, contrairement aux attaquants, et disposent d’un atout majeur : Renzo da Ceri, commandant français spécialiste des défenses de ville.

Charles de Bourbon est à la tête de ses troupes lors de l’assaut. Mais il se fait mortellement blesser par un coup d’arquebuse quand il arrive en haut des remparts. Privé de son chef, l’armée impériale n’a plus de retenue. Elle prend rapidement Rome qui est livrée au pillage.

Clément VII ne doit sa survie qu’au sacrifice héroïque de 147 des 189 gardes suisses qui assurent sa garde rapprochée. Cela lui permit de se réfugier au château Saint-Ange, d’où il assista, impuissant, au pillage de la ville.

Le château Saint-Ange à Rome - Cultea
Le château Saint-Ange à Rome

Les habitants sont volés, puis égorgés, et les églises sont dépouillées. Environ 40 000 habitants périssent pendant le sac de Rome. Mais les impériaux vont également perdre beaucoup de troupes pendant leur occupation de la cité. En effet, oubliant d’enterrer les cadavres, ils laissent la possibilité aux maladies de se développer. Près de la moitié des 35 000 soldats impériaux mourra de la peste causée par le carnage.

Conséquences

Après 6 mois, le pape capitule et part pour Orvieto en décembre 1527. La durée du sac de Rome peut aujourd’hui s’expliquer par les multiples défauts de paye dont les lansquenets étaient victimes. Cela était également dû à la perte d’un commandement légitime.

Si l’armée quitte Rome, c’est que la France est enfin rentrée dans le conflit en janvier 1528 et que son armée assiège Naples. Mais la défection d’un amiral génois met la France dans une fâcheuse position. Son armée est décimée par les maladies et elle capitule le 15 août 1528. La paix entre le pape et l’empereur est signée le 29 avril 1529. Les deux s’allieront même pour remettre un Médicis à Florence, le pape Clément VII étant lui-même de la famille des Médicis, en renversant la République.

La paix de Cambrai, ou paix des Dames, signée le 3 août 1529, clôture définitivement la guerre entre la France et Charles Quint. 

 

Sources :

  • Francesco Guicciardini, Histoire de l’Italie, Tome 2 1513-1534, paru en octobre 1996
  • Jacques Bonaparte, Sac de Rome en 1527, 1830
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