« Le professeur qui lisait des histoires d’amour » : un manga doux et poétique [critique]

K-Factory (la partie édition coréenne de Vega Dupuis) a publié en avril 2024 un manga adapté du dernier Webtoon d’Angram : Le professeur qui lisait des histoires d’amour. Douceur et force des sentiments qui n’ont pas d’âge, plongée dans l’intimité de plusieurs générations, homosexualité et famille… Ce premier tome (sur 5 volumes) se frotte à des thèmes à la fois touchants et intéressants. La pudeur émotionnelle des personnages alliée au trait suggestif et délicat d’Angram forment une recette envoûtante. 

Synopsis : Jun-woo est un gentil professeur d’université d’âge moyen qui vit avec sa fille aînée, Je-kyung. Un jour, lorsque son roman préféré est soudainement annulé, il écrit impulsivement une lettre de fan à l’auteur, qui souffre du syndrome de la page blanche, et lui demande de le rencontrer pour l’aider à écrire. Les deux se rencontrent et, au cours de leur conversation, Jun-woo se souvient accidentellement d’un livre et du nom d’un ancien auteur, et Jun-woo révèle involontairement son secret…

Une adaptation manga très fidèle

Passer de l’écran à la page n’est pas toujours simple. Si les Webtoons ont un succès incontestable sur Internet, la publication progressive des chapitres en ligne, le scrolling vertical et le rythme particulier inhérent à ce genre de diffusion se révèle parfois pesant lors de la sortie en édition papier.

En effet, les longueurs qu’on excuse plus facilement lors de la sortie hebdomadaire sont soudain mises en avant par la lecture entière de l’œuvre. Les petits soucis de cohérence de rythme et de narration sautent plus facilement aux yeux. Sans compter la mise en page qui n’a pas été réfléchie pour un format de livre, qui laisse des espaces vides et ne profite pas des double pages, etc.

Le professeur qui lisait des histoires d’amour témoigne légèrement de ces symptômes, mais sans en souffrir sur ce premier tome. L’œuvre est agréable à lire et arrive à nous toucher, à nous transporter malgré les petits défauts presque inhérents à une adaptation transmédia peut-être trop fidèle.

On remarque l’effort du label coréen de Véga-Dupuis sur la mise en page et la qualité des histoires, qui fait plaisir à voir. Et même si l’intrigue prend son temps pour avancer, avec ses 288 pages, ce premier tome est déjà conséquent. Le tome 1 se lit si vite qu’on souhaiterait déjà avoir l’intégrale sous la main, mais il faudra attendre les prochaines sorties (avec impatience).

Une histoire touchante

La liberté thématique des Webtoons fait chaque jour un peu plus ses preuves en touchant un large public, attiré par des sujets qu’ils n’ont pas forcément l’habitude de voir traités par la culture mainstream. On retrouve ainsi en ligne beaucoup d’œuvres qui ne sont pas encore lissées par des éditeurs de BD, manga ou manhwa dont les envies sont très codifiées et parfois vieux jeu.

Avec Le professeur qui lisait des histoires d’amour on découvre un récit moderne, aux thématiques sociales actuelles. L’amour à l’âge mûr est une question qui prend de plus en plus de place dans une société où l’espérance de vie augmente et où les divorces sont fréquents. Les relations homosexuelles et la manière de les faire accepter à la famille ou à la société sont aussi un sujet brûlant.

Mais ce manga s’attaque aussi à des thèmes intemporels : l’inspiration artistique, l’amour après l’amour d’une vie, l’âge et ses effets, les tabous familiaux, les enfants qui quittent le nid… Si la narration est souvent fleur bleue, Angram nous tient dans un équilibre subtil et poétique, jamais larmoyant et jamais trop sucré dans Le professeur qui lisait des histoires d’amour.

Pour sa première œuvre publiée en France (et la deuxième en Corée), Angram charme ses lecteurs et montre une sensibilité toujours juste qui nous fait espérer une belle carrière. Avec peut-être à la clé, une publication régulière de ses futurs titres chez nous. Et pour patienter, on attend de pied ferme la publication des 4 prochains volumes du professeur qui lisait des histoires d’amour chez Véga-Dupuis

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