Un dessin d’Hergé représentant Tintin, Milou et un dragon rouge sang, destiné à l’origine à la couverture de l’album Le Lotus bleu, a battu le record mondial d’enchères pour la bande dessinée. Il s’est vendu à près de 3,2 millions d’euros, frais compris !
Record mondial battu ! Selon la maison Artcurial, un dessin fait par Hergé pour la couverture de l’album des Aventures de Tintin, Le Lotus bleu, a été vendu aux enchères, jeudi 14 janvier, pour près de 3,2 millions d’euros.
« Après une bataille d’enchères entre trois téléphones, ce chef-d’œuvre très convoité s’est finalement envolé à 3 175 400 euros », précise la maison de vente dans un communiqué, ajoutant que l’acheteur est un « collectionneur privé ».
Vendu à Paris par la famille Casterman, ce dessin de 1936, fait à l’encre de Chine, gouache et aquarelle, avec fond noir, avait été jugé finalement trop fin et complexe pour l’impression de la bande dessinée. Il a été remplacé par un dessin à fond rouge, plus simple.
Une histoire mystérieuse
L’histoire de cette pièce unique est très mystérieuse. Selon les héritiers, le dessinateur belge, Georges Remi de son vrai nom, l’avait offerte au fils de l’éditeur Louis Casterman, Jean-Paul, âgé de sept ans. Ce dernier l’avait plié en six et rangé dans un tiroir… Des experts mettent en doute la véracité du récit de Jean-Paul Casterman. Mais il est difficile de vérifier ses dires de nos jours.
Pour plusieurs spécialistes de Tintin, les traces de pliure sur la feuille de papier sont le fait de l’auteur lui-même. Celui-ci aurait glissé le dessin dans une enveloppe pour l’envoyer au directeur adjoint de la maison d’édition. Le dessin serait resté depuis 1936, avec beaucoup d’autres, en dépôt chez Casterman.
Le Lotus Bleu est un jalon capital dans la saga de Tintin. Sa rencontre avec un jeune diplômé chinois de l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, Tchang Tchong-Jen, est très importante dans la suite de ses aventures. En effet, Tchang restera un ami fidèle proche de Tintin.
Le marché de la BD « attire aussi des investisseurs et spéculateurs »
Les planches de cette célèbre BD paraissent en 1934 et 1935 dans la revue Le Petit Vingtième, avant la publication de l’album en 1936. Elles sont immédiatement considérées comme une œuvre majeure dans l’histoire de la BD, prouvant à l’époque le sérieux de ce genre littéraire nouveau. Génération après génération, le succès ne s’est jamais démenti.
Précédemment, le record était de 2,51 millions d’euros (frais inclus). Cette somme avait été atteinte pour le dessin des pages de garde des albums de Tintin, chez Artcurial en 2014. Ces dernières années, on note que la BD a suscité l’intérêt d’un public d’acheteurs de plus en plus fortunés.
Rob Salkowitz, un expert de ce marché, a estimé que :
« Dans un premier temps, les collectionneurs de bande dessinée étaient des passionnés. Mais maintenant, avec des prix aussi élevés, le marché attire aussi des investisseurs et des spéculateurs à la recherche de rendements plus élevés. »
Hergé s’était solidement documenté pour réaliser ce cinquième épisode des aventures du petit reporter belge. Il a notamment pris soin d’éviter les clichés qui ont fait cataloguer Tintin au Congo (1931) comme empreint du racisme de l’époque coloniale.
Après les fantaisies et aventures rocambolesques des premiers albums, manichéennes en comparaison, le registre est plus grave, humaniste et réaliste, dans cette intrigue où trafic de drogue et intervention armée du Japon se mêlent tragiquement.
Sur ce dessin illustrant la couverture, l’angoisse se lit sur les traits de Tintin et de Milou. Ils sortent la tête d’une jarre de faïence bleutée, face à un effrayant dragon rouge sang. La scène prend place sur un fond de mur noir, parsemé de signes mystérieux.
Tintin et son fidèle compagnon Milou pourront donc ajouter une nouvelle prouesse à leur palmarès… Battre le record mondial du dessin le plus cher dans le domaine de la BD !
