Chine : une forêt primaire retrouvée au fond d’un gouffre géant

Isalyne Marlier
Isalyne Marlier
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Une équipe de scientifiques aurait identifié une forêt primitive, située au fond d’un gouffre d’une centaine de mètres. Il s’agit d’une découverte faite dans le sud de la Chine, dans le comté de Leye, en plein cœur de la forêt. Cette dernière pourrait alors potentiellement abriter des espèces inconnues.

Une forêt primaire « digne d’un autre monde »

Si cette forêt primaire n’est pas la première forêt découverte dans un gouffre de cette région, celle-ci reste néanmoins inédite. En effet, il s’agit de la troisième grotte découverte dans le comté de Leye. Pourtant, cette dernière se caractérise par ses dimensions extraordinaires (306 mètres de long sur 150 mètres de large) ainsi que le fait qu’elle n’a pas été marquée par l’activité humaine. Autrement dit, la forêt n’a jamais été perturbée par l’homme, elle est restée intacte pendant des millénaires.

Au total lors de leur expédition, les scientifiques auraient découvert 19 gouffres. Dans cette liste se trouve ce gouffre géant, situé à 190 mètres de profondeur, qui abriterait des arbres d’au moins 40 mètres de haut. En effet, c’est une végétation luxuriante que les scientifiques ont découvert là-bas. Il s’agit de ce qu’on appelle des fosses célestes (traduit en tiankeng par les locaux). Soit, une forêt primaire venue tout droit d’un autre monde avec des conditions de développement différentes. Par ailleurs, son développement malgré qu’elle se situe au fond d’un gouffre, n’est pas si surprenant.

« Beaucoup d’espèces forestières, arbres, arbustes, herbacés du sous-bois, ne nécessitent pas forcément des quantités de lumière très importantes pour se développer. On parle d’espèces d’ombre. »

Thierry Gauquelin, professeur émérite de l’Institut Méditerranéen de Biodiversité d’Aix-Marseilles.

De plus, il ajoute que si les arbres atteignent ces hauteurs remarquables, c’est qu’il pourrait s’agir d’une « course à la lumière ». Les arbres s’étendraient dans l’espoir d’atteindre la lumière du jour. Par ailleurs, les plantes d’ombres également présentes sur le site atteindraient les épaules des scientifiques.

Recréer une forêt primaire en Europe de l’Ouest avec le botaniste Francis Hallé

La possibilité de découvrir de nouvelles espèces

D’après Serge Muller, professeur émérite de botanique du Muséum national d’histoire naturelle, les analyses permettraient la découverte d’espèces « reliques ». En d’autres termes, comme le site est isolé du contact extérieur depuis longtemps, les conditions d’évolution de cette nature sont loin d’être les mêmes que celles que nous connaissons, habituellement. Le fait que cet espace fut confiné dans ce gouffre, a permis à la forêt primaire d’évoluer à l’abri « des fluctuations du climat et des perturbations », selon Thierry Gauquelin.

« Cela aboutit à la formation d’espèces particulières endémiques, n’existant que dans chacun de ces gouffres. On parle alors d’espèces micro-endémiques. »

Thierry Gauquelin.

De fait cette forêt primitive pourrait abriter des espèces ayant disparu ailleurs, dans des conditions différentes (activité humaine, modifications naturelles… etc.). Ainsi, cette forêt est un véritable jardin d’Eden où les scientifiques pourraient découvrir de nouvelles espèces animales ou végétales. Ils pourraient également découvrir d’autres organismes comme des champignons ou des bactéries.

« Ce qui risque d’être le plus spectaculaire, une fois qu’elles auront pu être recensées, ce sont les espèces vivant dans le sol, notamment la mésofaune et par exemple, le groupe des collemboles, proches des insectes. On sait qu’il peut présenter un taux d’endémisme très élevé, notamment à cause de sa faible capacité de déplacement. »

Thierry Gauquelin.

Les scientifiques n’ont pas encore diffusé de photo du site mais ces derniers sont enthousiastes à l’idée de l’étudier. Fouiller les entrailles du gouffre dans l’espoir d’y découvrir de nouvelles espèces, est sans conteste, devenu leur objectif principal. De fait, ce lieu pourrait devenir un « conservatoire d’espèces reliques ».

 

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